Retrouvez l’album photo de l’étape ici.

06 mai : Rathlin – Islay (28 M)

Ça y est c’est le grand jour, nous retournons en Ecosse ! L’Ecosse… destination mythique, au point d’y faire un grand détour lorsque nous avons ramené Saltimbanque en Bretagne depuis Oslo l’année dernière. Nous en étions reparties un peu frustrées en raison des conditions humides et venteuses que nous y avions rencontrées, et nous étions promis d’y revenir avec un bateau plus confortable, avec une meilleure ancre et à une meilleure saison.

Nous avons maintenant le confort et la bonne ancre recherchés, il n’y a plus qu’à espérer avoir un peu de chance avec la météo. Et pour l’instant, on ne va pas se plaindre… Alors certes, c’est calme, très calme, mais quel beau soleil !!! Le fond de l’air est quand même bien frisquet et il ne fait pas 10 degrés dans le bateau au réveil. Mais, nous avons le bon moteur qui nous permet maintenant d’envisager de relativement longues navigations dans la pétole, comme par exemple rallier l’île d’Islay depuis Rathlin.

Navigation au diesel donc, sur une mer lisse comme un miroir, parfait pour observer les dauphins ! Quel contraste avec les rafales à 30 nœuds et la pluie que nous avions essuyées ici même l’été dernier… Nous reconnaissons tout de même avec émotion Port Ellen, et les distilleries que nous avions visitées : Laphroaig et Lagavullin. 

Les dauphins à travers l’eau toute lisse…

Islay et ses distilleries

Mais cette année nous voulons profiter de l’Ecosse sauvage, des centaines de petits mouillages qui font le charme de cette côte. Direction la baie de Ar Dilistry (on lit Ar Distillery un peu quand même non ? ) où la pioche tombe sur 2m de sable blanc au milieu entre les cailloux. Voilà, ça c’est l’Ecosse de nos fantasmes… Bon, tout n’est pas parfait, comme cette brise thermique venue d’on ne sait où qui rentre en plein dans la baie toute l’après-midi… mais pas loin. La balade à terre sur la plage nous offre les protéines du soir. Des bigorneaux ? Et non, des coques ! Qui remontent toutes seules à la surface avec la marée, il suffit de se pencher pour les ramasser !

L’Ecosse dont nous avions rêvé…

Islay et Jura en arrière plan

On retourne déguster nos fruits de mer à bord au soleil avec vue sur Islay et les sommets des Paps de Jura en arrière-plan. Bienvenue en Ecosse !

07 mai : Islay – Mull (54 M)

Les conditions sont toujours au beau fixe, il faut en profiter un maximum avant qu’elles ne changent ! Nous quittons donc notre merveilleux mouillage en quête d’ailleurs. Dès la pointe Sud-Est de Islay, nous mettons le clignotant à gauche pour passer entre l’île et sa voisine Jura à travers le Islay Sound. Au passage nous voyons le premier phare Stevenson du voyage ! (voir notre article de 2024)

Le Islay Sound est très étroit et le courant y accélère franchement, pour atteindre les 4,5 nœuds, nous sommes à 6 nœuds au moteur sur la surface et réalisons donc une pointe de vitesse à 10,5 nœuds sur le fond ! On se retrouve ainsi bien vite de l’autre côté en eaux libres, où un petit vent de Nord Est nous permet de faire de la voile.

UtPåTur prend le tapis roulant du Islay Sound

Le régul tire ses premiers bords sous l’oeil attendri de Laure

Aujourd’hui nous testons pour la première fois notre régulateur d’allures, les conditions n’ayant jamais encore été propices à une navigation d’essai depuis Pwllheli. On règle le bateau, puis l’aérien dans l’axe du vent, on enclenche la mécanique et… le miracle attendu se produit, le bateau est barré par le vent… Nous faisons enfin du près correct, comme le bateau garde maintenant un angle constant par rapport au vent au lieu de suivre un cap compas avec le pilote automatique. Nous devons encore trouver 2-3 réglages, surtout pour que le safran du régulateur ne perturbe pas trop le bateau lorsqu’il n’est pas en service… mais lorsque l’on est sous régul tout se passe très bien !

Quelques bords plus tard la côte sud de l’île de Mull approche, rocheuse et un peu austère. Le vent de Nord commence à devenir rafaleux sous le vent de cette haute île… Quel mouillage allons-nous trouver ? C’est l’anniversaire de Laure et nous aimerions le fêter dans un cadre digne de l’événement… On repère une petite baie toute ronde du côté de Ardalanish, que l’on approche dans de bonnes rafales. Petite, le mot est faible, nous aurions plutôt utilisé minuscule… En plus le vent nous pousse presque dedans, mais nous savons qu’il va tourner. « Laure, tu es prête à mouiller direct ? Je ne vais pas faire de petit tour d’exploration, on rentre on mouille ! » Laure est bien-sûr prête, quoi qu’un peu surprise par cette approche radicale, et hop sitôt dit sitôt fait nous voilà mouillées pile au milieu de la baie de granit rose, à 50m des cailloux dans toutes les directions. Quel endroit incroyable de nouveau, et si différent du mouillage précédent ! Voilà, ça c’est un beau mouillage d’anniversaire !

UtPåTur dans sa petite piscine privée…

… où nous dégustons un délicieux repas d’anniversaire: panse de brebis farcie et vin millésimé, sur des magnifiques sets de table « made in l’Escale ».

08 mai : Mull – Lunga (23 M)

Le vent est complètement tombé ce matin, ce qui nous permet d’aller faire un petit tour à terre. Le dédale de cailloux où nous sommes mouillées nous rappelle fichtrement nos skjærgårds norvégiens ! Et quel soleil ! On en profite pour ramasser l’apéro de bigorneaux avant de rentrer à bord.

Ardalanish, côte sud de l’île de Mull

La formation basaltique de Staffa

Journée pétole, journée visite au moteur ! Nous longeons l’île de Iona, connue pour son abbaye, puis direction le rocher très spectaculaire de Staffa et ses colonnes de basalte. Magnifique.

Une petite brise se lève et sur mer plate UtPåTur n’a pas besoin de beaucoup de vent pour avancer au près. C’est donc bien heureuses et un peu surprises que nous rejoignons l’île de Lunga à la voile.

Lunga fait partie de l’archipel des îles Treshnish, qui sont encore une fois complètement différentes d’Islay ou de Mull. En forme de tables, complètement plates au-dessus, de rochers noirs et couvertes d’herbe verte, elles sont surtout connues pour leur colonie d’oiseaux marins. Et nous, on aime bien les oiseaux marins !

Nouvelle île, nouvelle physionomie de côte…

L’annexe est vite mise à l’eau et nous rejoignons la petite île. Nous sommes loin d’être seules, de nombreux touristes viennent en excursion à la journée depuis Iona, et il y a même un tout petit (presque mignon) paquebot de croisière mouillé avec nous. Mais les dizaines de macareux qui nous survolent nous engagent à faire fi de la foule (au moins trente personnes !) et à continuer. Au bout d’une cinquantaine de mètres, nous voyons trois macareux juste à côté de nous !! Magnifique !! Nous commençons à les prendre en photos quand un touriste nous apostrophe : « Vous, vous n’êtes pas encore monté en haut de la colline ! Vous allez avoir une surprise !» Ah bon parce que ? … Parce que vingt mètres plus loin ce sont des centaines de macareux qui se baladent tranquillement sur l’herbe sans que notre présence ne semble les déranger… Nous sommes bouche bée, c’est incroyable.

C’est la promenade à la mode chez les macareux…

Photo réalisée sans téléobjectif, juste au téléphone!

Nous avons déjà navigué et marché dans des colonies d’oiseaux, aux Shetland, à Westray, mais jamais nous n’avons eu une telle expérience… Nous sommes parmi les macareux, à les toucher. Ils sont sur le chemin et se poussent de mauvaise grâce pour nous laisser passer. Nous sommes chez eux et ils nous tolèrent. C’est tellement beau… Nous sommes tard dans la journée et la plupart des touristes ont maintenant quitté l’île. Nous sommes contentes de retrouver des pays où les gens sont respectueux et où la confiance règne : il n’y a aucun gardien ni aucune vidéo surveillance, et tout se passe bien. Au bout du chemin, on retrouve les plus traditionnels guillemots et petits pingouins, ainsi qu’un couple de cormorans huppés sans doute égarés. Le retour est tout aussi magique, seules avec les macareux, avec vue sur le bateau…

On n’a plus les mots là…

Le soleil se couche sur encore une journée inoubliable…

Initialement nous pensions rejoindre un autre mouillage plus protégé pour la nuit, mais il se fait tard, nous sommes un peu fatiguées et le vent n’est vraiment pas très fort. Alors on décide de passer la nuit ici, au milieu des oiseaux du large. La soirée sera calme, entourées de guillemots et de macareux avec comme fond sonore les feulements des phoques…

Nos rêves ce soir-là sont peuplés de macareux…

09-10 mai : Lunga – Rum (34 M)

Aujourd’hui, il fait toujours beau, mais si mais si ! Et en plus il y a du vent portant, que demander de plus ! Nous continuons donc notre route vers le Nord, voiles en ciseaux d’abord, puis un essai de spi très décevant: nous n’arrivons pas à le gonfler dans ce vent mollissant et la mer hachée par le courant. On finit par une heure de moteur en approchant de l’île de Rum.

En approche de l’île de Rum

Rum appartient aux Small Isles, au même titre que Eigg et Canna, un vrai cocktail d’îles chacune très différente. Rum est montagneuse, ses sommets culminent à 700 et 800 mètres, parfait pour une journée de randonnée. Comme le vent de Sud va se renforcer, et très conscientes du risque de rafales catabatiques, nous prenons un coffre pour avoir l’esprit plus tranquille.

Camille prend enfin le temps de regarder cette Castafiore de moteur hors-bord pour essayer de comprendre pourquoi il ne démarre pas. Elle trouve le pointeau du carburateur coincé et mal assemblé, ça ne devait pas aider… Une fois remonté, le moteur démarre au quart de tour et fonctionne comme il n’a jamais fonctionné ! Quelle excellente nouvelle, nous avons de nouveau un moteur d’annexe !

Rum, grand rue

Petite balade sur l’île pour fêter ça, et tenter de prendre une douche. Malgré sa taille relativement grande, Rum ne possède que 40 habitants permanents. Très prisée des randonneurs, on y trouve un camping, une auberge de jeunesse, et un petit magasin / bar à l’ambiance très « backpackers ». Toute l’île ressemble à un camp de randonnée géant ! Les douches sont très rustiques, une petite cabane en bois le long du chemin (il n’y a pas de voiture sur l’île), mais l’eau est chaude ! Dans le calme du soir on remarque des petits insectes assez agressifs, ce sont les fameux midges. Cette bestiole peut être un tel problème qu’il y a même un bulletin météo des midges pour savoir où ne pas aller (https://www.smidgeup.com/midge-forecast/)  Nous sommes fort heureusement trop tôt en saison pour que ce soit un réel problème, mais nous fermons les aérations du bateau la nuit pour être tranquilles.

Le lendemain c’est notre tour d’aller randonner. Nous visons de monter sur Askival, le plus haut sommet de l’île mais entre une veille blessure à la cheville de Camille qui se réveille et les rafales extrêmement puissantes en haut des montagnes, nous décidons de redescendre une fois atteint le premier sommet de Hallival. C’est quand même une chouette balade, avec de très belles vues sur le bateau, un peu moins sur les îles autour comme la visibilité est brouillée (évidemment, pile le jour où on randonne…)

Depuis les hauteurs de Rum, vue sur le mouillage et l’île de Skye à l’horizon.

En haut des montagnes, on a du réseau téléphonique, ce qui nous permet de prendre une météo. C’est que depuis plusieurs jours, semaines, mois, années même, nous avons pour idée d’aller échouer le bateau sur l’île d’Eigg qui est particulièrement appropriée pour cela. Mais pour un premier échouage nous voulons une bonne météo et une marée basse dans la journée. Tous les ingrédients semblent être réunis demain… il suffit de se lever à 4h du matin :o)

11-12 mai : Rum – Eigg (12 M)

Les levers matinaux nous gratifient souvent de lumières extraordinaires

Mine de rien, à force de faire des petites étapes de mouillage en mouillage, nous avons fini par bien avancer vers le Nord. Nous sommes maintenant à 57° de latitude, et les nuits raccourcissent à une vitesse phénoménale. Surtout avec ce ciel obstinément clair… Si bien que lorsque nous partons à 4h, il fait presque jour ! Bien assez clair pour voir les potentiels casiers en tout cas, et le lever de soleil sur l’île de Skye valait le réveil matinal…

Nous avons un rendez-vous avec la marée dans le port de Eigg… À la pleine mer nous nous faufilons à l’intérieur du petit port, dérive haute, dans un peu moins de deux mètres d’eau. On mouille sur du beau sable tout plat, et on attend. On attend que la marée baisse. Et inexorablement, elle baisse. Il ne reste plus qu’un mètre d’eau, mais nous flottons toujours ! C’est très intéressant d’ailleurs de constater que nous flottons dans si peu d’eau, on va pouvoir mouiller encore plus près des plages !

On flotte encore, mais plus pour longtemps…

90 cm d’eau, ça y est nous ne bougeons plus, UtPåTur est posé. Il nous faut encore attendre une petite heure pour que toute l’eau parte et pouvoir descendre du bateau à pied sec. Voilà, pour la première fois depuis le 12 février, nous ne risquons pas de couler !

Ut-posé! Plus pratique pour la pêche à pied…

Une fois sur la plage, nous inspectons la coque : tout à l’air d’aller très bien, les anodes sont toutes là même si celle de l’hélice est déjà visiblement entamée après à peine 3 mois… Nous sommes suffisamment rassurées pour aller faire quelques photos et s’occuper de ramasser les protéines du midi (une petite cinquantaine d’énormes coques) et celles du soir (des bigorneaux bien sûr !).

Nous avons quelques petits travaux à effectuer pendant cet échouage, notamment une vérification de tous les boulons du régulateur d’allure, bien plus faciles d’accès à pied sec, et graisser la vanne des eaux noires qui était devenue quasiment impossible à manipuler ces derniers temps.

Mais surtout on ne se lasse pas de voir le bateau posé sur le sable, bien stable. C’est assez impressionnant. Le temps d’une petite balade et de quelques photos, la mer a fait demi-tour et commence à remplir le port. Nous remontons à bord avant de se mouiller les pieds… puis retournons rapidement dans l’eau placer l’ancre de l’autre côté du bateau : le vent vient de tourner subitement et nous risquerions de rentrer dedans lorsque le bateau flottera et fera demi-tour. Et bah elle est encore frisquette ! Toujours entre dix et onze degrés depuis le départ.

L’eau est en train de revenir inexorablement…

La vue depuis le sommet était très belle en tout cas !

On se déplace sur le mouillage d’à côté pour une journée de repos et visites. Enfin l’idée était repos à bord pour Camille et course à pied jusqu’au sommet de l’île (le Sgurr) pour Laure. Mais au moment de déposer Laure sur la plage en annexe, voilà notre Castafiore de moteur qui décide subitement de s’arrêter et de ne plus redémarrer. Plus du tout !!! Mais pourquoi tant de haine ???? Ce sera donc atelier mécanique pour Camille, encore et toujours. Mais cette fois le pointeau est bien en place, aucune idée pourquoi le moteur ne démarre pas… On décide de se faire livrer un nouveau carburateur à la prochaine escale, et de donner une ultime chance à ce moteur qui n’est vraiment pas coopératif…

Si Rum était une île de randonneurs, il semble que Eigg soit plutôt une île de babas cools ! Eigg est exemplaire de l’évolution de la propriété terrienne dans les îles écossaises, qui appartenaient originellement à un clan (en général soit les MacLeods, soit les MacDonalds), puis à partir de la victoire des anglais au 18e siècle à de riches propriétaires terriens et industriels. Ceux-ci cherchaient à augmenter la profitabilité de l’agriculture sur ces pauvres terres et ont souvent forcé les fermiers à émigrer pour les remplacer par des moutons (les « Clearances » au 19e siècle). Au 20e siècle, la propriété est devenue de moins en moins rentable, et Eigg en particulier est entrée dans l’histoire comme la première île rachetée par ses habitants en 1997. L’aspect communautaire se ressent fortement, que ce soit sur la gestion des ressources (l’île est autonome en énergie grâce à un mix d’éolien, solaire et hydro – et même équipée d’une borne de recharge pour voiture électrique !), ou la vente des produits locaux dans la petite épicerie du port. Encore une bien belle escale!

13 mai : Eigg – Gesto Bay, île de Skye (38M)

C’est reparti pour une nouvelle étape, toujours sous le soleil, alternant voile et moteur dans un vent variable sous la haute île de Skye, entourées par une faune extrêmement riche : oiseaux en tous genres, dauphins, phoques et même une petite baleine que nous n’avons pas formellement identifiée.  Nous visons un gros loch au Sud-Ouest de Skye, Loch Harport, où l’on trouve également la distillerie de Tallisker. Mais comme nous espérons aller en Norvège où la quantité d’alcool autorisée à bord est très restreinte, nous dédaignons la distillerie pour un mouillage dans une petite baie au pied d’une ferme.

Cadre très champêtre ce soir!

Cette année l’été en Ecosse, c’était le 13 mai!

L’ambiance est idyllique… Chose rare, les arbres de la baie protègent le mouillage des rafales catabatiques et nous laissent le chaud soleil. Car oui, le fond de l’air s’est bien réchauffé et il fait franchement bon. Pour la première fois du voyage, nous sortons les coussins dans le cockpit pour se poser dehors en T-shirt, quel bonheur !

On resterait bien ici quelques jours, mais nous commençons à ressentir quelque peu le besoin de civilisation après l’avoir soigneusement évitée depuis Holyhead, et décidons de rejoindre sans trop traîner les Hébrides extérieures et la mégalopole de Stornoway (8000 habitants quand même !)

14-16 mai : Gesto Bay – Stornoway (95M)

Le vent est toujours orienté au Nord-Est, et notre navigation se fait au près sous régulateur d’allures, parfois sur un bord direct comme pour notre première étape sur Loch Finsbay, parfois en tirant de multiples bords comme pour notre seconde étape sur Loch Mariveg, parfois sous génois parfois sous trinquette, toujours sous le soleil…

Passage près des îles Shiant, qui en effet nous barrent bien la route…

Des Hébrides extérieures nous ne verrons que l’île principale : Harris et Lewis.  Il ne s’agit bien que d’une seule île mais la partie Sud se nomme Harris et la partie Nord Lewis, d’où le nom parfaitement logique de l’île en elle-même ! Nous ne sommes pas encore en Norvège, mais la côte ressemble à s’y méprendre à du skjærgård bien de chez nous, et les paysages nous rappellent furieusement l’île de Sotra au large de Bergen.

Loch Finsbay, avec notre ami le phoque

Notre premier mouillage à Loch Finsbay est assez ouvert, entouré de quelques collines saupoudrées des classiques ruines écossaises (les Highlands sont jonchées de ces traces de fermes abandonnées), et peuplé par de nombreux phoques ! Pas de plage pour descendre à terre, nous nous contentons d’un petit tour en annexe.

Notre second mouillage, Loch Mariveg, nous rappelle nos balades en kayak. C’est si étroit qu’on ne distingue pas l’entrée depuis le large, puis il faut nous faufiler dans un petit passage étriqué et peu profond (enfin, il y avait deux mètres d’eau, vive les dériveurs !) avant de mouiller dans une petite baie entre les cailloux. Cette fois on va se promener en drone, à défaut de pouvoir débarquer. Il fait beau et chaud dans un vent qui s’essouffle, profitons bien de ces vacances qui ne vont pas durer éternellement…

Loch Mariveg

Toujours des conditions estivales…

16-19 mai : escale à Stornoway

Stornoway, capitale des Hébrides extérieures, petite ville à trois rues qui correspond exactement au niveau de civilisation que nous recherchons :o). UtPåTur prend un place au ponton pour quelques jours, quel luxe d’avoir eau et électricité disponibles sans limite ! Même si cela ne nous pèse pas au quotidien, nous devons constamment penser à gérer nos ressources d’eau, de nourriture et d’énergie qui ne sont pas illimitées (toute ressemblance avec une planète existant ou ayant existé serait totalement fortuite… ou pas !)

Stornoway

L’escale comme souvent se partage entre logistique de vie à bord (lessive, courses, ménage), maintenance et visites.

L’équipe du port de Stornoway est très sympathique et nous a gardé bien au chaud plusieurs colis que nous nous étions fait livrer. En particulier le nouveau carburateur pour le hors-bord, qui nous permet de redémarrer le moteur sans problème… mais pour combien de temps ? Nous trouvons également la petite fuite d’eau douce sur le réservoir avant, qui venait du passage de la jauge, et  démontons la pompe des toilettes entièrement pour la débarrasser de tout le calcaire qui obstruait les tuyaux. On prend également soin de Musclor, notre indispensable moteur : vérification des niveaux et nettoyage.

Le magnifique jeu d’echec de Lewis finement ciselé dans de l’ivoire de morse

Entre deux bricolages, nous visitons la bourgade. Tout le côté sud de la rivière est occupé par un grand château du 19e siècle, résidence privée du propriétaire de l’île. Maintenant que l‘île appartient à ses habitants, le château est devenu un hôtel de luxe, et abrite également le musée de la ville. Il possède en particulier 6 pièces du fascinant « jeu d’échec de Lewis », sculpté en Norvège dans des défenses de morse il y a plus de 800 ans et découvert dans une grotte de l’île. Les 75 autres pièces sont au British Museum, mais Stornoway a pu en conserver quelques-unes.

Le lendemain, nous partons à la découverte de l’île. Harris et Lewis est la troisième plus grande île du Royaume-Uni, derrière… la Grande-Bretagne et l’Irlande ! On n’en fait donc pas le tour si facilement. Nous prenons  un bus pour commencer, qui accepte de prendre nos vélos pliants dans son coffre. Une fois sur la côte ouest, nous continuons à la pédale.

Notre première étape : les cercles de pierres dressées de Callanish. Vieux de 5000 ans (environ contemporains des pyramides d’Egypte), les cercles sont très bien conservés et très impressionnants. Les pierres ici sont en gneiss et se présentent en plaques fines, assez différentes de nos menhirs bretons plus arrondis.

Les pierres sont organisées autour d’un monolithe central

Nous sommes revenues en territoire de brochs!

Une dizaine de kilomètres plus loin, second arrêt au broch de Dun Carloway. Les brochs sont ces tours toutes rondes mi-habitation mi-structure défensive qui datent de l’âge de pierre (quelques siècles avant JC) et que l’on ne trouve que dans l’extrême Nord de l’Ecosse jusqu’aux Shetland. Celui-ci est très bien conservé et l’on peut même monter sur l’escalier entre les deux murs de la tour. Impressionnant !

C’est reparti à vélo, face à un vent de plus en plus fort et de plus en plus froid… L’arrêt suivant au village de pêcheurs de Gearrannan est le bienvenu. Les chaumières du 19e siècle ont été magnifiquement restaurées et retracent l’histoire des croft, ces petites exploitations agricoles où les gens vivaient de la pêche, du tissage de laine de mouton (le fameux tweed de Harris), et se chauffaient a la tourbe. La récolte de tourbe et d’ailleurs toujours très active sur Lewis et tout au long de notre balade nous verrons un paysage marqué par les sillons des extractions de tourbe plus ou moins frais et plus ou moins recouverts de végétation.

C’est idyllique aujourd’hui, mais il faudrait le voir dans une tempête de décembre…

Retour au bateau en bus après cette grande journée. Une fois à bord nous nous préparons à reprendre la mer. Il fait toujours beau, mais nous voyons maintenant la fin de notre anticyclone magique qui nous aura offert cette expérience unique sur les îles de l’Ouest de l’Ecosse. Demain, nous remettrons le cap au Nord…

Quelle incroyable balade en Ecosse, nous tenons notre revanche sur l’an passé!

Cet article a 2 commentaires

  1. Etienne

    Quel superbe reportage ! Nous avons pourtant visité la côte Écossaise 2 saisons, mais vue d’un drone, et abordée avec un dériveur, c’est éblouissant !

  2. Philippe de ETONELL

    MAGNIFIQUE ! ! !

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